L’ÉVALUATION DES APPRENTISSAGES DANS UN CONTEXTE ENTREPRENEURIAL 

*** Cet article a d’abord été publié pour nos membres dans les Inspirations de l’OIECEC de juin 2022.

Par Jean-Sébastien Reid, directeur général adjoint, Idée éducation entrepreneuriale

À mesure que nous approchons des vacances scolaires, le sujet de l’évaluation prend de plus en plus de place dans l’esprit des acteurs éducatifs. Dans le contexte d’une fin d’année scolaire, on a tendance à aborder l’évaluation sous l’angle d’un outil permettant d’établir le classement des élèves, alors qu’il existe de multiples façons de bonifier nos pratiques d’évaluation afin que celles-ci soient mises au service des apprentissages.  

Plusieurs enseignants souhaitent placer l’éducation entrepreneuriale consciente au cœur de leurs pratiques quotidiennes, mais se butent à une culture d’évaluation basée sur l’idée que tous les jeunes doivent avoir les mêmes épreuves en même temps. Pourtant, il est correct de collecter des preuves d’apprentissages différentes d’une jeune à l’autre. Afin de changer quelque peu cette culture, cette chronique veut montrer comment l’éducation entrepreneuriale consciente permet de recueillir des traces d’apprentissage de façon authentique et différenciée.

La collecte par triangulation  

L’intérêt de travailler l’évaluation au service de l’apprentissage grâce à la triangulation est que cela permet de considérer les différents styles et rythmes d’apprentissage sans pénaliser le groupe. On peut recueillir des traces de ces apprentissages à différents moments, par différents médiums et stratégies et ce sans que les jeunes se sentent envahis par le stress et l’anxiété de devoir toujours performer pour « le test ».   

Le jugement professionnel des enseignants est à la base de la démarche d’évaluation des apprentissages. Ce jugement a besoin d’être étayé par une série de traces qui prouvent que les jeunes sont en mesure de démontrer le respect d’un critère ou l’atteinte d’une compétence. Ces preuves ou ces traces d’apprentissages peuvent toutefois être recueillies grâce à une panoplie de stratégies. Cette démarche se base sur un principe de collecte des preuves d’apprentissage par triangulation.  

Ainsi, voici un tableau inspiré du fascicule produit par le Centre franco-ontarien de ressources pédagogiques (CFORP). Il présente les trois dimensions de la triangulation et propose des pistes sur les stratégies de cueillette et les types de preuves qui peuvent servir à alimenter votre jugement professionnel.  

Votre travail de pédagogue ne vous oblige pas à tout faire de la même manière et au même moment pour tous les jeunes. Vous pourriez par exemple recueillir une certaine quantité de traces pour une équipe qui démontre bien la maîtrise d’un concept ou d’une compétence à l’étude sans nécessairement le faire pour les autres équipes. Vous pourriez également choisir de ne prendre qu’un critère à la fois à observer dans le cadre d’une période. Ou encore vous pourriez, grâce à des fiches préparées à l’avance, annoter les travaux d’un élève en particulier.  

Dans le cadre d’initiatives en éducation entrepreneuriale consciente  

Une part importante du succès de cette démarche de collecte de preuves d’apprentissage repose selon moi sur deux aspects importants, surtout dans le cadre de l’animation et du suivi de projets en éducation entrepreneuriale consciente : l’intention et la préparation.  

L’intention  

Lorsque nous sommes dans la classe et que les jeunes sont en projet, on dirait que le temps file à vive allure. Afin de pouvoir recueillir des traces pertinentes, nous suggérons d’établir à l’avance quelles sont les manifestations sur lesquelles nous porterons notre attention : écriture, communication, principes mathématiques, etc. Ainsi, nous observerons, nous discuterons avec les jeunes de notre groupe avec ces critères en tête. Nous recommandons de ne pas prendre trop de critères à la fois. Idéalement, en prendre un seul, mais au maximum deux ou trois.  Notre niveau d’attention sera alors plus précis et nous nous sentirons moins éparpillés.  

La préparation  

Maintenant que vous avez déterminé sur quel(s) critères ou compétences vous souhaitez recueillir des traces, il faut maintenant organiser vos outils ou votre animation de manière à ce que votre esprit ne se laisse pas envahir par des considérations logistiques.   

Je vous recommande, au début de chaque projet, une des idées suivantes :  

• Un carnet de projet (journal de bord) pour chaque jeune dans lequel il pourra écrire ses réflexions, dessiner des prototypes, alimenter sa créativité, etc.  
• Une fiche pour chaque jeune de votre groupe (chemise à classeur, par exemple) ou un dossier numérique, avec un sous-dossier partagé au nom de chaque élève.  

Ainsi, tout au long du projet, vous n’aurez qu’à insérer, épingler, surligner, glisser-déposer, copier-coller des éléments à titre de preuves d’apprentissages.  

Nous vous proposons d’ailleurs deux outils dont un que vous pourrez éditer à votre guise. Ces fiches d’annotation ou d’observation peuvent être préparées à l’avance et il vous reste à les annoter avec crayon ou surligneur lorsque vous observez un comportement ciblé lors d’une séance de travail des jeunes.  

N’hésitez pas à tenter votre chance et à nous proposer vos idées de ressources afin d’améliorer nos pratiques d’évaluation au service des apprentissage.